Puisque je t'haine.
Novembre. Mardi nous sommes allés à la plage, nous baigner. La mer est plus belle quand on est seul au milieu des vagues. Les rayons de l'automne mourant flottaient à la surface. C'était beau et plein d'échos. De rires sonores, de larmes enfouies. On a marché sur des verres brisés, on a eu mal aux pieds. J'ai eu froid. Les merveilles de l'égarement me fascinent, m'effraient et m'attirent. C'est ainsi. C'est un si.
Si je partais, si je quittais, si je respirais. M'en voudriez-vous ? Si je disparaissais dans la brume, sur le quai d'une gare, seriez-vous dans la foule d'anonymes qui se frôlent et s'aspirent ? Si j'ouvrais la bouche pour souffler l'immonde, si j'écrivais une dernière lettre, si je mettais le point final, qu'en penseriez-vous ? Si j'ouvrais la fenêtre sous l'orage ? Si je pleurais des torrents d'images ? Si j'arpentais vos sentiers ? Si j'usais vos souliers ? Que diriez-vous alors ? Vivre la vie des autres ne m'intéresse pas. Je vais m'en aller. Plonger enfin la tête sous l'eau et n'entendre que les battements de mon cœur, serein, loin d'ici. Loin de vous, loin de tout. Puisque vous êtes tout, mais que je ne veux rien. Un si soit-il.
Il pleut dehors.